La vie regorge de moments clés, depuis les premiers instants et jusqu’aux derniers. Passer du sein au biberon, faire ses premiers pas, apprendre à pédaler, vivre sa première rentrée scolaire, son premier amour, sa première désillusion, rentrer dans la vie active, se marier, faire des enfants, acheter sa maison, et même si la sagesse s’acquiert au fil des années, le passage à la retraite reste une appréhension et une étape telle un véritable cap à passer. Au-delà de l’aspect financier et de cette question « Vais-je pouvoir assurer mon train de vie ? », certes essentielle, passer d’actif à retraité est un moment de l’existence qui demande énormément d’adaptabilité et d’autocompassion. Et comme pour chaque période importante, quelques conseils ne sont jamais superflus…
Changer de point de vue sur la retraite
Suffirait-il de voir les choses autrement pour que ces mêmes choses changent vraiment ? Eh bien, la réponse n’est pas loin de l’affirmative. Car, comme toujours, notre compréhension des événements n’est jamais qu’une histoire d’interprétation, de spectre. Pour bon nombre de personnes, cesser sa vie professionnelle apparaît comme une fatalité et une fin en soi. Peut-être parce que beaucoup de travailleurs se définissent par leurs professions, peut-être parce que, pour certains, le lieu de travail est l’un des seuls où ils se sentent intégrés socialement, ou peut-être encore et tout simplement parce que cela les met directement en face de leur âge, retraite rimant très certainement avec vieillissement. Adopter ce nouveau statut de retraité est très (trop) souvent abordé dans un premier temps sur le mode du rejet. Or le rejet ne sert à rien, si ce n’est couper les pattes. Lorsque l’on rejette quelque chose, c’est tout le corps qui se bloque, au sens propre comme figuré. On se sent presque tétanisé, coincé dans ce refus qui n’amène que contractions aussi physiques que psychologiques. Mais pourquoi donc ce rejet aussi instinctif que violent ? La faute peut-être à notre éducation occidentale, où le mot « fin » fait toujours écho, de près ou de loin, au mot « mort ». Mais si au lieu d’envisager la retraite comme la mort de sa vie d’actif elle était vue comme le début d’une autre tranche de vie, une véritable renaissance, un recommencement, une ouverture vers un ailleurs, là alors, la pilule qui n’en est pas une (en fait) passerait beaucoup mieux…
La retraite : un apprentissage du vide
Qu’est-ce qui fait le plus peur à l’être humain ? Le vide, le rien. Parce qu’avant d’être un espace de création, le vide est avant tout un trou dans lequel il semble bien légitime d’avoir peur de tomber. Le passage à la retraite va demander au sénior autant d’endurance que de patience et d’autocompassion. Car oui, il vivra des moments délicats, difficiles peut-être. Viendra ce moment où après avoir changé son point de vue comme suggéré si justement plus haut, après avoir fait toutes les randonnées du coin, s’être remis à la pêche, avoir bricolé tout ce qu’il était possible de bricoler à la maison tout en rafraîchissant l’intégralité du jardin et avoir expérimenté toutes les recettes de cuisine du monde, il se trouvera profondément désœuvré et, n’ayons pas peur des mots, aura l’impression de ne plus trouver de sens à sa vie, littéralement. Mais là encore, tout est question de point de vue. N’avez-vous jamais remarqué comme une activité, même banale au plus haut point, si elle est faite avec entrain et plaisir, sera toujours nourrissante, tandis qu’une autre vécue uniquement pour occuper le temps nous fait nous sentir encore plus seul dans notre espace ? Voilà le cœur du problème. Nous passons toute notre vie à faire les choses parce qu’elles doivent être faites, par obligation donc. Or la retraite sonne un temps fait de liberté. Mais la liberté, c’est aussi le choix. En l’occurrence le choix de vous définir par de nouvelles activités. Et ces activités-là sont bien trop importantes pour n’être que des bouche-trous dans le planning horaire. Il est extrêmement important d’accepter de vivre cette transition dans du vide, certes inconfortable au possible mais tellement essentielle, pour prendre le temps de savoir qui vous êtes, et ce que vous voulez faire, maintenant.
Une période de quête personnelle, mais pas d’isolement
Bien sûr, réfléchir sur vous-même et, pourquoi pas, vous remettre à rêver comme lorsque vous étiez un tout jeune adulte, nécessitera des moments de solitude et de silence absolu. Toutefois, il est très important d’être vigilant sur soi-même, d’être lucide, et de se voir tomber dans l’erreur de la tendance à l’isolement avant qu’elle n’arrive. Peut-être qu’il vous faudra également envisager que le développement personnel se fait aussi parfois (souvent, en fait) au contact des autres. N’ayez donc pas de craintes à vous confier sur vos difficultés et vos sentiments qui peuvent être de temps en temps contraires et donc, perturbants. Ne cherchez surtout pas à vous cacher, car se cacher, c’est aussi se mentir. De nombreux spécialistes s’accordent à dire qu’une période de 6 mois à un an est nécessaire pour qu’un jeune retraité s’adapte pleinement à sa nouvelle situation. Ce que vous vivez est donc normal et vous ne devez en ressentir aucune gêne, ni aucune honte. Et si dans votre entourage les oreilles attentives manquent, n’hésitez pas à demander l’aide d’un spécialiste qui pourra toujours vous apporter un soutien bénéfique et qui vous accompagnera peut-être… dans votre changement de point de vue !
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